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Après le pénible Somewhere, on attendait le retour de Coppola de pied ferme. En espérant retrouver la brillante réalisatrice des tout aussi brillants Virgin Suicides, Lost in translation ou encore Marie-Antoinette (qui seront sans le moindre doute chroniqués, un jour, ici même...), en priant pour que Somewhere n'ait été qu'un passage à vide, une erreur de calculs. Mais malheureusement, il faut se rendre à l'évidence : The Bling Ring, présenté au Festival de Cannes 2013 dans la catégorie "Un certain regard", déçoit. Moins que Somewhere, mais quand même. C'est d'autant plus triste quand on aime Sofia Coppola comme je peux l'aimer.

Si l'on avoue sans mal que Sofia Coppola n'a rien perdu de sa Superbe lorsqu'il s'agit de magnifier l'image, si elle filme toujours comme une déesse, il faut bien reconnaître que ce qu'elle nous montre dans The Bling Ring est assez affligeant. On a beau se délecter de son savoir-faire de réalisatrice, trop de superficialité tue la superficialité.

En effet, cette génération Facebook 2.0, photos cul-de-poules, Paris Hilton - Megan Fox - Lindsay Lohan - Orlando Bloom, bourrée de pubs et mangeant Chanel, Louboutin, Ray Ban, dandinant du fessier sur de la musique de m... en boîte de nuit VIP et conjuguant une bêtise pure avec un désenchantement exécrable agace plus qu'elle n'intéresse. Coppola a toujours excellée dans les portraits d'adolescents, mais elle peine à concerner le spectateur avec cette fable de l'ère du vide. Le casting sans être mauvais ne peut pas faire grand-chose tant les personnages sont creux et à baffer. Et le pire dans tout cela, c'est qu'ils existent ces pauvres gens. Pire, ils représentent une certaine catégorie de la "jeunesse actuelle". On en pleurerait presque. Sinon Emma Watson joue très bien les petites chaudes superficielles dont le degré de moralité doit être proche de zéro. Le seul personnage qui suscite - un peu - l'intérêt est celui de Marc (Israël Broussard) qui aurait mérité d'être un peu plus creusé, tout comme le rôle des parents, élément révélateur du malaise des jeunes. 

Toutefois, si l'on était un peu crasse, l'on pourrait dire que "des crétins qui se volent entre eux pour se payer des fripes à la c.. et se saupoudrer les amygdales à la coke" n'intéressent personne à part eux-mêmes et apparemment Sofia Coppola. Mais pour rester bon joueur, l'on admettra que le film comporte quelques moments intéressants et une ironie assez délectable surtout vers la fin (les dépositions des ados, le procès, la "reconversion personnelle et spirituelle" de Nicki, etc.). Mais tout le problème du film se pose là : Coppola traîne à imposer un rythme, un propos. Si le film se rattrape sur la fin, il échoue quand même là où, selon moi, Marie-Antoinette se révélait être extraordinaire, c'est-à-dire au niveau de l'émotion et de l'empathie à l'égard des personnages. Car la réalisatrice a beau s'évertuer à ne pas juger cette jeunesse en toc, elle n'inspire pas grand-chose au spectateur lambda. Peut-être est-ce plus facile pour Coppola de comprendre leur vision du monde puisqu'elle a baignée dans les paillettes et le champagne dès son plus jeune âge?!

Toujours est-il que l'on ressort de The Bling Ring avec cette impression que le talent de Coppola fille mérite mieux. Et pour la première fois, l'on rêve de la voir sortir de l'adolescence pour s'orienter vers un cinéma un peu plus adulte, un peu plus vrai et mettre un terme à cette variation sur le vide. 


Allez Sofia, le monde extérieur est plein de surprises. Balance tes Louboutins. Brûle tes Chanel et file découvrir le monde des Hommes, le vrai. 

 

Note du film: 6/10

 

Film vu en avant-première à la "Ladies Night" au Cinescope de Louvain-la-Neuve.

Tag(s) : #Critiques, #2010 - 2020, #Peut mieux faire, #2013, #Evénements- Festivals- Avant-premières
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